Il y’a quelques temps nous parlions du métier ancestral de chaudronnier aux Chantiers de la Haute-Seine. Dans la logique de construction, nous allons nous intéresser au métier de soudeur. Après le développement, l’assemblage et le montage des pièces vient la finition de l’élément chaudronné ou mécano-soudé : la soudure en continu. En effet, si nous devions faire un parallèle avec la couture car il n’est pas rare de voir cohabiter dans la même salle de traçage en école, des futurs couturiers et chaudronniers.
Ainsi, tout comme le chaudronnier, le couturier réalise un développé de son vêtement pour obtenir son patron (plan de fabrication). Ensuite, il assemble par points avec son aiguille sa pièce à l’aide d’éléments de tissus prédécoupés, puis une fois son ensemble faufilé ou bâti, il vient coudre en continu l’ensemble pour assurer la cohérence du vêtement, qu’elle soit visible ou non cette couture doit être belle et solide. Le soudeur vient donc finir la pièce et donne le visuel final de celle-ci préparée en amont par le chaudronnier.
Dans la vidéo qui accompagne cet article, vous trouverez le témoignage de l’un de nos soudeurs. Par son expérience, il montre à quel point la complémentarité entre chaudronnier et soudeur est indispensable pour réaliser une soudure de qualité, avec un bel aspect et une bonne pénétration ; et ce, quel que soit la position, en angle bord à bord, en plafond, en montante ou en corniche.
Les procédés de soudage utilisés :
Notre activité de construction et réparation navale d’engins flottants en acier amène nos soudeurs à travailler sur différents matériaux et diverses constructions. Ainsi pour travailler l’acier nous utilisons :
- Le procédé 111, à l’électrode enrobée aussi appelé soudage à l’arc ou la baguette,
- Le procédé 121, soudage à l’arc sous flux avec un fil-électrode
- Le procédé 135, au semi-automatique aussi appelé MAG 135 (Metal Active Gas) au fil plein
- Le procédé 136, au semi-automatique également appelé MAG 136 au fil fourré avec laitier
Par ailleurs, lors de travaux sur des pièces inox et certains alliages de métaux plus hétérogènes, nous soudons sous TIG (Tungsten Inert Gas), procédé 141. Enfin, certaines opérations requièrent l’utilisation du gougeage aussi appelé arc/air sous flux d’air comprimé.
Le matériel utilisé :
Pour mettre en œuvre les différents procédés, nous utilisons :
- Des postes à l’arc,
- Des postes semi-automatiques MIG/MAG,
- Une machine automatique pour les soudures sous flux en poudre avec arc submergé appelée familièrement l’unionmètre.
Enfin pour les travaux en espaces confinés en complément du système d’extraction d’air et de la cagoule à ventilation assistée portée par nos soudeurs, nous utilisons des torches aspirantes permettant d’aspirer à la source les émissions de fumées de soudage.
Les certifications :
Tout soudeur aux Chantiers de la Haute-Seine possède des licences certifiant qu’il connaît et maîtrise les procédés de soudage utilisés sur le site. A ces licences s’ajoutent des certifications renouvelées tous les deux ans spécifiques à notre activité assimilée à la marine. Ces certifications sont validées par notre organisme de contrôle Bureau Veritas marine selon notre DMOS (descriptif de modes opératoires de soudage) établi par notre référent soudage interne, en collaboration avec notre organisme de contrôle et un représentant du service études projets.
Lorsque les ouvrages sont sous certification, un expert intervient aux différentes étapes de la construction du bateau pour réaliser le contrôle des différentes soudures en utilisant des techniques de contrôle non destructif (CND), type ressuage, ultrasons et magnétographie. De même, il existe ce type de contrôle pour les mèches de gouvernail et l’étanchéité des cuves.
La formation initiale et continue :
Il existe plusieurs voies d’accès au métier de soudeur. Notre expérience nous montre que le personnel issu d’un bac pro type technicien en chaudronnerie industrielle (Bac pro TCI) ou en métallerie qui a ensuite suivi une mention complémentaire de soudage (MC) sont ceux qui s’adaptent le plus aisément aux exigences et aux contraintes du soudeur aux Chantiers de la Haute-Seine. D’autres soudeurs sont issus de formations pour adulte dispensées par des organismes spécialisés.
Quoi qu’il en soit, le soudage est un art qui nécessite de la maîtrise, de la rigueur et un savoir-faire qui s’apprend avec le temps et la mise en pratique. Ne dit-on pas que c’est en forgeant que l’on devient forgeron ! Aux Chantiers de la Haute-Seine, le constat est clair c’est en soudant que l’on devient soudeur. C’est pourquoi nous sommes toujours ouverts à de nouveaux talents et sommes ravis chaque année d’accueillir des jeunes en apprentissage afin de les former et de les aider à devenir les soudeurs et chaudronniers de demain.