Dans le cadre de leurs engagements de responsabilité sociétale, les Chantiers de la Haute-Seine se préoccupent du bien-être des salariés, mais également de l’ancrage de l’entreprise dans le territoire, notamment en termes de formation et d’emploi. Ainsi, ils ont confié une mission à deux ergonomes en formation. Retour sur cette expérience.
Spécialistes et engagées
Carine Santin est une ancienne commerciale, reconvertie dans le paramédical il y a quelques années. Trois ans plus tard, devenue ergothérapeute, elle exerce au sein d’un hôpital gériatrique dans l’Essonne. Son mémoire de fin d’études sur la complémentarité de l’ergothérapie et de l’ergonomie la décide à acquérir une double compétence ; c’est ainsi qu’elle intègre un master intitulé « ergonomie et facteurs humains » au sein de l’université Paris Saclay à Orsay se déroulant sur 2 ans.
Neila Yahia-Cherif est quant à elle kinésithérapeute. Ayant un fort intérêt pour l’amélioration de la santé au travail dans toutes ses dimensions, elle décide de poursuivre ses études après sa licence en STAPS en intégrant le même master que Carine.
Un cursus à la fois théorique et pratique
Ce cursus leur permettra, à terme, d’intervenir dans tous types de structures pour évaluer et concevoir des situations de travail dans un double objectif de santé des travailleurs-utilisateurs et de performance globale des systèmes socio-organisationnels.
Dans cette perspective, la première année est fondée sur une approche théorique des bases et concepts de l’ergonomie avec un stage de trois mois en fin d’année pour mettre en pratique cet apprentissage. Le but de ce stage est de problématiser une intervention ergonomique et de réaliser un diagnostic avec l’ensemble des évaluations faites en amont. La 2ème année se clôture par une alternance sous forme de contrat d’apprentissage ou de professionnalisation en parallèle des enseignements théorique et méthodologique.
Faits pour s’entendre
Pour leur recherche de stage en entreprise, Carine et Neila ont posté leurs candidatures sur LinkedIn. Elles ont été rapidement contactées par Amal Aarab, animatrice santé, sécurité et environnement des Chantiers de la Haute-Seine. Suite au lancement en 2019 de la démarche de prévention des troubles musculosquelettiques (TMS) « TMS pros », la direction de l’entreprise souhaitait étudier le cas des soudeurs et chaudronniers qui exercent des métiers physiques exposés aux TMS et lombalgies, représentant la première cause des maladies professionnelles. Carine explique : « Nous souhaitions, pour une première expérience, intégrer une entreprise désireuse d’entamer une démarche d’intervention ergonomique dans un objectif d’amélioration continue, afin par la suite de pouvoir coconstruire avec ses équipes un plan d’actions structuré et pérenne. »
Mission : mener une étude approfondie
Les Chantiers de la Haute-Seine ont ainsi défini les objectifs de la mission confiée à Carine et Neila : à partir de l’analyse du travail, identifier les contraintes inhérentes à l’activité et proposer des pistes de réflexion matérielles et/ou organisationnelles permettant de les réduire, dans une perspective globale d’amélioration des conditions de travail au poste de chaudronnier/soudeur. À la suite d’observations et d’échanges, la mission a été précisée : à partir d’une situation de travail, identifier les facteurs de risques de TMS et leur gravité afin de prioriser les éléments sur lesquels vont se baser l’étude ». « En ergonomie, cette étape de reformulation est essentielle pour la suite de l’étude car, en accord avec la demande de l’entreprise, elle définit notre marge de manœuvre pour construire le diagnostic final. » précise Carine.
Le processus s’est effectué en 4 étapes dont la première a permis d’appréhender le terrain, d’identifier les enjeux du secteur, la singularité de l’entreprise et son organisation. Une étude macroscopique a ensuite été réalisée pour comprendre le processus et les étapes de production et positionner la situation de travail à analyser dans le fonctionnement global de l’entreprise. Enfin, une étude microscopique a permis d’analyser les situations de travail des chaudronniers soudeurs et d’identifier les facteurs de risque à l’origine des TMS. Pour réaliser cette étape, les ergonomes ont utilisé l’observation (filmée ou non), les entretiens informels et formels et le questionnaire comme outils d’analyse dans le but de construire le diagnostic final. Celui-ci repose sur l’un des facteurs de risque des TMS, le facteur organisationnel étant tout aussi important que les autres puisqu’il a un impact sur la charge de travail et ses contraintes bien connus du métier de chaudronnier soudeur.
Une initiative gagnant-gagnant
« Le stage de 3 mois passé aux Chantiers de la Haute-Seine a été une expérience très enrichissante à tout point de vue. En plus de découvrir le milieu naval, il nous a permis de confronter notre apprentissage à la réalité du terrain, mais aussi de comprendre les difficultés opérationnelles auxquelles nous pouvons être confrontées en tant qu’ergonome » reconnaît Carine. Ce stage a conforté son projet professionnel qui est d’exercer en tant qu’ergothérapeute-ergonome en entreprise, deux compétences particulièrement complémentaires.
Les équipes des Chantiers de la Haute-Seine se réjouissent de cette initiative gagnant-gagnant qui a apporté des pistes de réflexion pour améliorer les conditions de travail du personnel, mais qui a également permis d’enrichir le parcours de deux futures ergonomes.
Le saviez-vous ?
Selon l’International Ergonomics Association, « l’ergonomie est la discipline scientifique qui vise la compréhension fondamentale des interactions entre les humains et les autres composantes d’un système, et la profession qui applique principes théoriques, données et méthodes en vue d’optimiser le bien-être des personnes et la performance globale des systèmes. »
ἔργον / érgon signifie, en grec ancien, « travail ». νόμος / nόmos est la loi, les règles, voire la connaissance. Dans son étymologie même, l’ergonomie témoigne d’une volonté de compréhension du travail. L’ergonomie a toujours pour objectif l’amélioration des conditions de travail et d’utilisation des outils (machines, interfaces, etc.). D’ailleurs, trois mots sont indissociables de cette discipline : efficacité, santé et sécurité.